dimanche 13 avril 2014

Rencontre avec Hélène Rice





Bonjour Hélène Rice, je suis heureuse de vous inviter sur le blog des éditions Philomèle. Je vous ai concocté quelques questions croustillantes pour les lecteurs les plus curieux...

Bonjour Lucile et merci pour cette invitation !

Comment êtes-vous tombée dans l'album de jeunesse ?

Tombée, oui c'est un peu ça... à force d'en lire, à mes enfants, à mes élèves... à partir du moment où j'ai pris conscience du pouvoir étonnant de cet objet. J'adore cette double narration, en mots et en images, ce travail en binôme avec un(e) illustrateur(trice), cette possibilité de faire entrer très tôt et facilement les enfants dans le plaisir littéraire.

Ecrire pour les enfants peut permettre d'attiser leur curiosité, de les accompagner dans la vie (façon doudou), de les faire rêver, rire, imaginer... Que souhaiteriez-vous transmettre à vos lecteurs en herbe ?

Je ne suis pas douée en littérature doudou ou en messages à transmettre. J'essaie d'écrire des livres ouverts, dans lesquels on peut piocher, qui laissent une place à l'interprétation. Ce sont des livres "point de départ" destinés à amorcer un questionnement.

Selon vous, pouvons-nous écrire sur tous les sujets en ce qui concerne la littérature de jeunesse ?

Sûrement. Tout est dans le comment, par qui, pour qui, pourquoi....

Pouvez-vous nous parler de votre travail d'écriture ? Quelle est votre recette pour un album réussi ?

Je commence tout juste à avoir une idée de ce que pourrait être un vrai travail d'écriture. Jusqu'à présent, j'ai plutôt écrit pour échapper au travail, pour m'amuser et amuser mon entourage, donc une écriture spontanée. Le travail venait après, quand il fallait relire, laisser poser, analyser ce que le texte véhiculait d'inconscient, trier, jeter, etc. Maintenant, c'est le contraire, je pense le livre en détails, de bout en bout, avant de commencer l'écriture. Moins spontané, plus structuré.
La recette de l'album réussi.... on la connaît tous en théorie : un livre simple mais complexe, accessible mais intelligent, marrant mais pas creux, touchant mais pas manipulateur.... Quant à la pratique....

Quelle est votre principale source d'inspiration ?

Tout et n'importe quoi. C'est plutôt un état d'esprit, une sorte de veille semi-consciente qui filtre le quotidien : mots d'enfants, images, musiques, lectures, événements, émotions... Parfois, une idée réveille le capteur Gammaray situé dans l'aire associative de Padingtonstein (cortex postérieur de l'hémisphère Sud). A partir de là, un système d'engrenage complexe s'active, avec pour corollaire, si tout se passe bien, l'écriture d'un mot ou deux sur le dos d'un ticket de caisse.

Que lisiez-vous enfant ?

Je lisais comme une boulimique, tout ce qui me tombait entre les mains, des centaines de livres vides et même pas drôles qui ne me parlaient pas. Un peu comme dans la chanson des Smiths "Hang the DJ" ("Pendez le DJ, car la musique qu'il passe ne m'apprend rien sur ma vie"). Mais j'ai persévéré et j'ai eu la chance de découvrir les Paroles de Prévert dans la bibliothèque familiale.
J'ai aimé ne pas tout comprendre, et pour la première fois j'ai eu l'impression qu'on me parlait avec un peu de vérité.

Pouvez-vous nous parler de votre travail avec l'éditeur-trice et l'illustrateur-trice ? Comment procédez-vous pour faire naître un album ?

A chaque livre son histoire. Pour "Simon et Naslat" et "Le jour d'avant", c'est une image de l'illustratrice (Ninamassina et Lydie Sabourin) qui a déclenché l'histoire. L'image originale n'est d'ailleurs plus dans l'album, mais l'ambiance, le ton étaient déjà présents. Je leur ai donc proposé un texte en écho à leur image, elles l'ont adopté et ont eu carte blanche pour la suite. Pour "Jean-Pierre la brebis", le texte est venu en premier, il a intéressé Alice Bouillard qui m'a proposé une idée de traitement et de scénario graphique. Elle a ensuite crée tout l'univers visuel de l'album et cette sorte de deuxième narration par l'image que je trouve vraiment géniale. Ces trois albums ont été proposés aux éditeurs comme un concept texte-images et ont été acceptés tels quels avec enthousiasme.
Ce sont trois expériences de vraies collaborations.
Pour mon premier roman, c'est un peu différent. C'est l'éditeur qui a choisi l'illustrateur et je n'ai pas été déçue. Antoine Deprez a fait un magnifique travail d'illustration, assez conséquent d'ailleurs car le roman est illustré de bout en bout.

Quel est votre dernier coup de cœur en littérature de jeunesse ?

J'ai adoré "Good Bye Berlin" de Wofgand Herrndorf , un roman ado traduit de l'allemand, édité chez Thierry Magnier. C'est une sorte de road movie un peu dingue, poignant et authentique. Il y a du Salinger dans ce livre, il sonne particulièrement juste.

Si vous deviez choisir 2 livres à emporter sur une île déserte, quel serait votre choix ?

Oh la colle ! Peut être des livres que je n’ai pas le courage de lire dans la vie réelle, comme l'Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ou Oui Oui et le gendarme.

Un petit mot sur vos projets en cours ? Ou est-ce top secret ?

Un nouvel album à paraître en septembre 2014 chez un bel éditeur avec un super illustrateur... et puis beaucoup de projets en cours qui mûrissent tranquillement.

Merci Hélène Rice d'avoir joué le jeu. Il est toujours agréable d'en savoir un peu plus sur les personnes qui se cachent derrière les livres qu'on aime :)

Un petit tour par ici pour découvrir le magnifique album Simon et Naslat publié chez Philomèle et un petit tour par pour visiter le blog d'Hélène Rice.




samedi 5 avril 2014

Les Philoménaux

Les éditions Philomèle préparent une surprise à ses joyeux lecteurs... Elles laissent mijoter à feu très doux, un délice d'histoires.




Collection d'histoires numériques, Les Philoménaux proposent une expérience de lecture pleine de saveurs. Les Philoménaux sont concoctés à partir de livres publiés chez Philomèle. Un coup de baguette magique et les livres se métamorphosent en versions numériques où se mêlent images, textes et bruitages pour mettre nos sens en éveil. Enrichissons l'ambiance de lecture et plongeons le lecteur dans une marmitte bouillonnante d'imagination. Remuons de temps en temps et ajoutons une pincée de sonorités, un soupçons d'interactivité, quelques grammes d'invention... 

Nous pourrons goûter ses succulentes lectures numériques dès la rentrée de septembre. Pour patienter, vous pouvez vous amuser avec Philomèle et Storyplayr, la bibliothèque numérique pour iPad. Il suffit de télécharger votre histoire préférée, puis d'enregistrer votre lecture et de la partager avec d'autres abonnés. Apprentis conteurs : lancez-vous ! 

C'est par ici :) 




vendredi 29 novembre 2013

Super Philomèle au supersalon de Montreuil !

Cette année, Philomèle est présente au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil du 27 novembre au 2 décembre, entourée de tous ses héros. Cocci, Louise la lionne, l'ami imaginaire, Violette, la souris gourmande de "i", les animaux du jardin, Léon, Jojo, Gaspard, Margot, Simon et Naslat, les mouettes, Ulysse et bien d'autres vous attendent stand C30 à l'étage !
Venez rencontrer vos auteures et illustratrices de jeunesse préférées, faire dédicacer vos albums fétiches ou découvrir Philomèle et son univers philoménal !

dimanche 24 novembre 2013

Interview de Séverine Vidal, au salon L'Autre Livre, Paris, Blancs Manteaux

Salon de l’édition indépendante L’Autre Livre, novembre 2013

Samedi 16 novembre, j'ai eu le plaisir de rencontrer mon auteure de jeunesse préférée, Séverine Vidal.  J'ai pu lui parler de mon immense coup de coeur sa grande collection, illustrée par Delphine Vaute et publiée chez PhilomèleJ'ai donc revêtu ma tenue de journaliste, lunettes, stylo et voici le compte-rendu de l'interview. 
             Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ? 
Dans une autre vie, j’étais enseignante. Le contact avec les élèves, les mille histoires de cour de récré, ma propre enfance, les petites blagues des trois « miens », voilà de quoi m’inspirer pour un moment. 
J’ai commencé à écrire l’histoire (romancée) d’un de mes élèves qui n’aimait pas le sport que son père voulait qu’il pratique, et qui a découvert la danse. Ce premier petit roman a paru chez Talents Hauts en 2010. Depuis, ça ne s’est pas arrêté.

Vous êtes auteure pour la jeunesse et publiez des romans pour adolescents, des albums, BD, séries et livres numériques, quel genre préférez-vous ? Pourquoi ?
J’ai commencé par les romans, puis je me suis intéressée de près à l’écriture d’albums, le fait de travailler avec des illustrateurs m’a beaucoup apporté.  La BD est pour moi une voie narrative évidente, je « pense » toujours le livre avec des images en mouvement, film ou dessin animé. 
Je n’ai pas de préférence, c’est cette variété qui me motive. J’ai toujours plusieurs livres en cours d’écriture, un projet de roman, un ou deux albums, de la poésie. 
Je varie selon l’humeur du jour, l’inspiration du moment. Et toujours en musique. 

Avec quelles maisons d’édition travaillez-vous ?
J’ai commencé avec le Rouergue et Talents Hauts, puis Oskar et Alice jeunesse. J’ai ensuite travaillé chez Grasset, Frimousse, Les p’tits bérets, Winioux… avec la Souris qui raconte (édition numérique), plus récemment chez l’Elan vert, Kilowatt, Motus et Sarbacane.  J’ai des parutions en 2014 chez Gallimard, Didier jeunesse, Mango, la Pastèque, Bayard, L’Edune, la Joie de lire. Un roman chez Sarbacane dans une collection créée par Tibo Bérard, une BD chez Les Enfants rouges. Et donc Philomèle, (deux livres déjà et deux autres en préparation !). 
J’aime travailler avec des maisons différentes, petites ou grosses, du moment que l’enthousiasme est là, et l’envie de faire de beaux livres. 

Comment travaille-t-on avec un éditeur ?
Ça dépend ! Je propose un texte, ou on me passe une commande (j’adore ça !)… Il peut y avoir un travail très étroit, plusieurs rencontres  en amont, un gros travail sur le texte (corrections…) ou au contraire une grande liberté et la découverte du livre juste avant son départ chez l’imprimeur… Je choisis l’illustrateur ou on me l’impose (jamais déçue pour l’instant !)… J’ai mon mot à dire sur le papier, le format, la typo… ou pas du tout.  On s’adapte à la façon de procéder de chaque éditeur. Mais j’avoue que je préfère de loin ne pas être écartée du processus de création et de fabrication. 

Comment travaillez-vous avec un illustrateur ? Comment concevez-vous une histoire avec lui ?
Comme je le disais, je propose parfois un texte à un illustrateur dont j’aime le travail. On travaille ensemble et on présente le projet aux éditeurs. 
Je suis maintenant très proche de certains d’entre eux, et on élabore souvent des projets à deux. Ça part d’une envie commune qu’on pense ensemble. 
Il m’est arrivé plusieurs fois que ce soit l’inverse : l’illustrateur me demande de lui écrire une histoire. Bref, c’est le bonheur quoi !

Quelques mots sur Noël à l’endroit ? Cet album est un véritable travail d’équipe, comment s’est formé le trio ? Comment avez-vous travaillé ?
Je ne connais pas Marion Arbona, l’illustratrice. Nous avons cherché ensemble (Isabelle, Anne-Gaëlle et moi) une illustratrice qui nous plairait à toutes et nous avons choisi Marion. 
Pour le texte, tout est né lors d’un voyage au Maroc. A table, un soir de décembre, un petit délire est né autour d’un bon repas arrosé ( !). Une fille présente à la table d’hôtes mais que nous ne connaissions pas du tout a lancé une idée de livre pour Noël. Elle ne savait pas qu’Anne-Gaëlle et moi étions auteures jeunesse. On a imaginé toutes les trois cet album à lire dans les deux sens, qui se rejoindrait au milieu. 
On lui a promis que cette idée deviendrait un livre et on a tenu parole, trois ans plus tard !
Céline (c’est son prénom) travaille pour le Cirque Plume. Nous allons lui envoyer un exemplaire de ce livre pensé à trois, écrit à deux, né d’une rencontre et du hasard. 

La grande collection nous fait découvrir l’univers de Violette, son intimité et son monde imaginaire, pouvez-vous nous parler d’elle ? 
Violette est une fillette qui collectionne toutes sortes de choses, des objets, des idées, des mots, des sensations. Elle garde tout. Puis, à l'occasion d'un déménagement, elle doit trier, ranger, choisir. Au milieu des cartons, elle grandit. Pour moi, cette grande collection c'est tout ce qu'on accumule pendant l'enfance (souvenirs, expériences, objets…). En grandissant, il y a des choses qu'on garde précieusement, des choses qui meurent d'elles mêmes, d'autres dont il faut se débarrasser. 
Vous avez écrit des livres numériques publiés chez La Souris Qui Raconte. Que pensez-vous de l’édition de jeunesse numérique ? Comment envisagez-vous la lecture de demain ?
J’en ai publié trois chez elle. Le livre numérique et le livre papier  sont deux formes de narration différentes que je ne compare pas. Le livre numérique, ce n’est pas simplement un autre support, c’est une autre approche. Par exemple, dans Conte du haut de mon crâne, le texte est porté par les illustrations, par les animations (souvent proches du dessin animé grâce à l’incroyable talent de Claire Fauché), par la musique et par la lecture à haute voix proposée par une conteuse (un conteur dans la version anglaise). 
C’est donc un nouvel objet, encore mal connu, une autre façon de raconter des histoires. Qui peut être riche, poétique, drôle, sensible. Je ne pense pas que le livre numérique remplacera le livre papier. Les deux peuvent coexister, et tant mieux. 

Quelles sont vos lectures en jeunesse ? Quels sont vos coups de cœur ?
Mon dernier immense coup de cœur : Jane, le renard et moi (Isabelle Arsenault et Fanny Britt, éditions La Pastèque) : une pure merveille. 
Je suis une inconditionnelle admiratrice de Raphaëlle Moussafir, qui est mon modèle absolu pour son infinie drôlerie décapante. 
Je lis beaucoup de BD, de mangas. 
Un petit mot pour les lecteurs philoménaux ?

             Alors là, je sèche !

Un petit tour par ici
et par là 

dimanche 20 octobre 2013

Isabelle Bauer, la philoménale éditrice :)

Aujourd'hui est un jour très spécial...



Je me glisse dans la peau d'une journaliste-détective et vous dévoile les quelques secrets qu'Isabelle Bauer a bien voulu nous livrer.

Prénom : Isabelle
Nom : Bauer
Particularités : complètement philoménale du soir au matin
Métier : éditrice, éditions de jeunesse Philomèle


Entretien 


Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ? De vos études ?

J’ai fait des études de Lettres modernes tout en commençant à travailler pour des éditeurs généralistes : j’ai fait des lectures de manuscrits, des comptes-rendus pour les comités de lectures, des réécritures, du « ghost writing ». Par la suite, après un long passage dans la presse parentale, je suis revenue à l’édition.

Vous vous êtes tournée vers l’édition jeunesse en 2009. Quel a été le déclic ?

Le souvenir d’un rêve ancien, le sentiment d’être prête à le réaliser et un peu d’argent de côté.

Quelle serait votre vision de la maison d’édition idéale ?

Je ne pense pas qu’elle puisse exister. A titre personnel, l’idéal serait de continuer comme je le fais jusqu’à présent, c’est-à-dire garder mon indépendance, continuer à travailler « en équipe » avec les auteurs/illustrateurs, à être émerveillée par leurs talents.

Vous avez été journaliste, cette profession a-t-elle changé votre vision du monde éditorial ? Que vous a-t-elle apportée mis à part des qualités rédactionnelles et d’analyse ?

Non, elle n’a pas changé ma vision du monde éditorial. En dehors, il est vrai, d’un enrichissement sur le plan de l’écriture, j’y ai appris beaucoup sur le développement de l’enfant puisqu’une grande partie de mon travail consistait à interviewer des spécialistes dans ce domaine.

Comment créer une ligne éditoriale ? Quelles ont été vos sources d’inspiration (maisons d’édition, albums, rencontres…) ?

Mes sources d’inspiration sont une passion-fascination pour le langage, sa créativité, sa plasticité, ses subtilités, sa grammaire… C’est donc tout naturellement que s’est imposée l’envie de proposer des histoires jouant sur le langage, sur ses sonorités, ou d’une belle exigence littéraire. Je pense d’ailleurs que les enfants sont très exigeants: découvrir, apprendre, développer sa pensée, c’est une pulsion de vie. C’est la raison pour laquelle, également, je préfère les histoires de fiction, qui ouvrent à l’imaginaire et donnent de l’espace à chaque enfant pour déployer le sien, à sa façon et selon ses besoins. Le « prémâché » me hérisse, c’est-à-dire ces livres comportant dix mots de vocabulaire de peur que le petit lecteur ne les comprennent pas tous. Ou qui traitent d’un quotidien que les parents sont plus à même de discuter avec leur enfant.
En ce qui concernent l’esthétique, ma mère a fait les métiers d’art, peint toute sa vie, se passionnait pour les couleurs et disposait d’une bibliothèque regorgeant d’ouvrages d’art. Incontestablement, cela m’influence dans mes choix d’illustrations.

Comment avez-vous appris le b.a.-ba de l’édition ? (livres, rencontres, emplois dans des maisons d’édition…)

De mes expériences passées chez les éditeurs pour lesquels j’ai travaillé, j’ai acquis des notions sur les rouages du monde de l’édition et sur l’éditorial. Le reste, c’est-à-dire les questions de fabrication, de gestion, de mise en page, etc., résultent d’un apprentissage solitaire.

Est-ce un plus d’être autodidacte ?

Absolument ! Tout ce qui s’apprend par soi-même se retient bien. Et toute erreur ne peut être imputée à quelqu’un d’autre, ce qui favorise réflexion et remise en question. En outre, je pars du principe que le jour où il me sera possible d’embaucher, je serai plus à même de savoir ce que je veux et peux demander à la personne.

Comment choisissez-vous vos auteurs et illustrateurs ? En fonction de quels critères ?

Pour leur authenticité, leur sincérité dans leurs œuvres, leur capacité à créer un univers bien à eux qu’ils savent partager. Ils sont capables d’une grande proximité instinctive, naturelle avec le lecteur, sont exigeants tant dans le sujet qu’ils traitent que dans le travail lui-même.

Comment sélectionnez-vous les manuscrits ?

Au coup de cœur émotionnel, sensoriel, et intellectuel. Mais il m’est arrivée de renoncer à des projets que je trouvais magnifiques et de grande qualité parce qu’ils étaient trop éloignés de ce que je publie habituellement. Construire un catalogue demande une certaine cohérence dans les choix qui sont faits.

Vous travaillez seule, comment s’organise-t-on ? Comment travaille-t-on de chez soi ?

J’ai toujours aimé travailler seule. Plus efficace, plus rapide. Et j’aime la solitude pour ses vertus créatives. Côté organisation, je ne suis pas un modèle du genre… Disons que j’ai appris à faire le tri entre les urgences.

Y a-t-il des règles à mettre en place afin de conserver une certaine discipline dans son travail ?

Une seule en ce qui me concerne : à l’heure du premier café, le matin, visualiser les premières urgences du jour ! Et les garder en tête car la méthode de faire des listes ne marche pas chez moi. 

Comment combinez-vous vos deux métiers d’éditrice et d’auteur jeunesse ? Avez-vous actuellement le temps d’écrire ? En ressentez-vous le besoin ?

Je me sens bien plus éditrice qu’auteur jeunesse. Mes propres textes sont anciens et je n’ai plus le temps d’écrire. Oui, cela me manque.

Comment avez-vous créé votre réseau professionnel ? Uniquement par le biais de salons du livre ? Et avez-vous le temps de l’entretenir ? Comment ?

Petit à petit, de rencontres en rencontres, y compris virtuelles, sur le Net. Les salons sont souvent de magnifiques occasions de discussions, de prises de contacts. Par ailleurs, j’utilise les réseaux sociaux. Mais je n’ai pas beaucoup de temps à y consacrer. Enfin, les premiers temps surtout, j’ai beaucoup visités de libraires. Des liens solides se sont tissés avec certains d’entre eux.

Publier pour les enfants est un acte fort, que souhaitez-vous leur transmettre ?

Le plaisir, d’abord, d’une balade de mots en mots et d’image en image. J’espère également que, sans en avoir l’air, chaque ouvrage puisse répondre à leur curiosité, nourrir leurs réflexions, leur imaginaire… J’imagine chaque livre comme autant de petites portes que les enfants choisissent d’ouvrir, ou pas. C’est sûrement très ambitieux ! La lecture stimule la pensée, et la pensée est indispensable à la construction de soi. Mais comme on ne peut développer sa pensée sans le support du langage, on en revient à la ligne éditoriale de Philomèle… Esthétique comprise, car elle est aussi une forme de langage.

Pourquoi avoir choisi le nom Philomèle ?

J’aime les oiseaux. Le nom complet du rossignol est « rossignol philomèle ». Ceci en référence au mythe grec « Procné et Philomèle », une histoire de deux sœurs que les dieux sauvent d’un horrible bonhomme en les transformant en oiseaux. La mythologie grecque est passionnante ! Et j’aime beaucoup mes sœurs.

Comment avez-vous choisi votre diffuseur ?

Une rencontre, lors d’un salon, à une époque où je souhaitais justement changer de diffuseur. J’ai eu la chance qu’il se soit arrêté sur le stand de Philomèle et que les ouvrages lui aient plu.

Que pensez-vous de la production éditoriale jeunesse actuelle ? Qu’est-ce-qui vous plaît ou vous déplaît ? Qu’aimeriez-vous changer ?

Elle est particulièrement prolifique ! On y trouve le pire comme le meilleur, même si je déplore personnellement certaines publications que je trouve particulièrement laides ou sans intérêt, il y en a pour tous les goûts. Donc, c’est une bonne chose, même si l’éditrice déplore toute cette concurrence… Plus précisément celle des gros éditeurs qui inondent le marché au dépend des « petits », chez qui on trouve pourtant de vraies merveilles. Si j’avais le pouvoir de changer certaines choses, je ferais en sorte que les petits éditeurs indépendants puissent bénéficier d’une meilleure visibilité et qu’ils soient vraiment défendus en librairie, ce qui n’est pas toujours le cas. Je ne jette pas pour autant la pierre aux libraires car bon nombre sont en situation de survie. Il faudrait un engagement politique fort pour la défense des librairies indépendantes.

Que pensez-vous des livres numériques pour les enfants ? Pensez-vous qu’ils remplaceront un jour le livre papier ?

Non, je ne crois pas que les livres numériques remplaceront les albums papier. L’un et l’autre peuvent se compléter, s’enrichir mutuellement, pourvu que l’on continue à faire des albums de qualité et que la lecture numérique ne devienne pas un « joujou » mais soit un vrai support à la lecture, avec les enrichissements qu’elle peut apporter à celle-ci. Il n’est même impossible d’imaginer que les livres numériques favorisent à terme les ventes des albums papiers.

Que pensez-vous du devenir de l’édition jeunesse ?

Je suis optimiste : le plaisir de la lecture est inépuisable…

Merci à Isabelle Bauer pour ses réponses sincères et captivantes. Je reprends ma peau d'étudiante en édition et j'espère que cette rencontre vous a intéressés. N'hésitez pas à visiter le site des éditions Philomèle ici pour en apprendre davantage sur les albums, les auteures et illustratrices :) 


lundi 16 septembre 2013

Une rentrée colorée !

..................... De toutes les couleurs ! .............................


Une belle rentrée avec Philomèle et sa jolie coccinelle multicolore !
Du bout du doigt, on suit Cocci... De page en page, d'aventure en aventure, d'un bout à l'autre du jardin ! Elle est maligne et pleine de pois ! Elle tourbillonne entre les fruits colorés, ricoche entre les dessins et en suivant ses petits pas chaussés de bottines qui galopent, on apprend petit à petit le graphisme et l'écriture...

Si vous aussi vous voulez suivre Cocci et ses aventures c'est par là 



jeudi 6 juin 2013

Simon et Naslat, Hélène Rice et Ninamasina : une histoire d'amour tête-bêche

"J'ai fait ma liste d'amoureux et sur cette liste, il n'y a que toi. Parce que je suis amoureuse de toi, voilà pourquoi..." (Naslat).

Simon et Naslat est un petit album illustré qui se lit à l'endroit, puis à l'envers. On découvre dans un premier temps les pensées secrètes de Simon, un petit garçon amoureux qui se rêve oiseau pour mieux approcher Naslat à l'école primaire. Ses pensées rejoignent celles de Naslat au cœur du livre. En retournant l'ouvrage, Naslat livre elle aussi ses sentiments à l'égard du petit garçon. C'est l'âge où l'on tombe amoureux, mais où cela ne se dit pas... Et où nous attendons le fameux jour, où armés de courage nous oserons...

Les illustrations de Ninamasina sont épurées et subtiles. Des oiseaux, des tâches d'encre, une entaille rouge vif lorsque Naslat se coupe, des fleurs, des arbres... L'illustration est à l'écoute des battements de cœur des deux enfants. Elle se plonge dans le regard de l'un puis de l'autre et dans leurs univers. 

Le texte n'a pas un mot de trop. Il évoque avec sensibilité la classe, la difficulté à avouer ces sentiments naissants que l'on ne maîtrise pas. Proche d'un poème, rêveuse, la plume d'Hélène Rice rappelle à quel point il est agréable d'être amoureux, mais aussi comme c'est compliqué. Cet album tout en délicatesse donne aux enfants les clefs pour parler des sentiments, de l'amour, de la timidité. De la primaire aux premières années du collège, le sujet peut les concerner ou les intriguer. 

Si vous souhaitez faire entrer un peu d'amour dans votre foyer
c'est par ici

"Parfois j'aimerais être un oiseau. Discrètement, sans qu'elle me voie, je volerais au-dessus de ses pas. Je pourrais même picorer les miettes de son goûter" (Simon).